Conférence – « John Muir, Le souffle de la nature sauvage »

« J’ai attaché mon chariot à une étoile »
John Muir

La vie et l’œuvre de John Muir, l’amoureux fou de nature, l’étudiant infatigable, l’explorateur aventureux, sont une source d’inspiration pour tous ceux qui luttent pour protéger les derniers pans de vie sauvage. Il fait partie sans conteste de la poignée d’hommes qui ont permis la naissance du mouvement écologiste.

Ce livre évoque le parcours hors du commun d’un homme, dont le nom est lié à la vallée du Yosemite, aux montagnes de la Sierra Nevada et aux glaciers de l’Alaska. Tour à tour Ingénieur, Marcheur au long cours, Berger, Botaniste, Géologue, Arboriculteur, Naturaliste, Père des parcs Nationaux américains, John Muir est aussi le fondateur du Sierra Club, la plus grande société de Protection de la nature des Etats-Unis.  Il inscrivit sur la page de garde de son premier carnet de route : John Muir, Planète Terre, Univers

Né en 1838, dans une famille écossaise, qui émigre en Amérique, dans l’état du Wisconsin, le jeune garçon se passionne très vite pour la nature sauvage. Malgré la dureté des travaux agricoles sur une terre qu’il faut défricher, la ferme de son père, située sur la rive de la rivière Fox, est comme il l’écrira dans ses « Souvenirs de jeunesse », un petit paradis où abonde le gibier, les oiseaux et les fleurs. Quelques années encore et le jeune homme herborise autour des Grands Lacs, jusque dans la province canadienne de l’Ontario. En 1867, après quelques années d’études, passées à l’université de Madison, John travaille comme ingénieur dans une entreprise d’Indianapolis, spécialisée dans les pièces d’attelage. Ayant perdu la vue durant plusieurs semaines suite à un accident de travail, il prend conscience que la vie est fragile, le temps trop précieux pour le passer cloîtré dans une entreprise, et décide de se remettre à « l’université de la Vie Sauvage ». Il couvre en solitaire, avec pout tout bagage une simple musette, une  distance de 1600 kilomètres à travers le Kentucky, le Tennessee, la Caroline du Nord,  la Géorgie et la Floride :

« Souvent il me fallait coucher dehors sans couverture, mais aussi sans souper ni déjeuner. Pourtant je n’avais d’ordinaire guère de difficulté à trouver une miche de pain dans les clairières largement espacées les unes des autres où étaient installés les fermiers. Muni d’un de ces gros pains de la forêt, j’étais capable de vagabonder durant des kilomètres au sein de la nature sauvage, libre comme le vent dans les bois radieux », écrira t-il dans son livre fameux : « A thousand mile-walk to the Gulf ».

John Muir

A la suite de ce parcours initiatique, John Muir va faire du « Wilderness », sa raison de vivre.

« Quittez de temps à autre votre vie active, pour gravir une montagne, passer une semaine dans les bois, immergez vous dans la nature sauvage pour purifier votre esprit »,

répètera t-il sans cesse dans les 300 articles et la douzaine de livres qui jalonneront son parcours d’écrivain.

Le 21 avril, jour de sa naissance est reconnu comme le « John Muir Day », une journée consacrée à la « prise de conscience de ce que le bien-être de l’homme et sa survie dépendent d’un environnement écologiquement sain », comme il aimait à le répéter.

John Muir et le President Roosevelt au Yosemite

Au cours de sa grande randonnée, après des nuits passées à même le sol, à la belle étoile, dans les marais du Golfe du Mexique, il contracte le paludisme et doit de ce fait renoncer à un projet de voyage d’exploration en Amazonie. Qu’importe il prend un bateau pour San Francisco et débarque en Californie en mars 1868. Un peu perdu au milieu des rues, John demande à un charpentier quel est le meilleur chemin pour sortir de la ville.
– Mais « où voulez-vous aller ?, lui demande ce dernier
« Dans n’importe quel endroit, pourvu qu’il soit  sauvage », répond le jeune homme, impatient qu’il est déjà  de découvrir les espaces encore inviolés de la Californie. Au pied des gigantesques parois du Yosemite, John est conquis, c’est là qu’il veut vivre :

« Il me semblait alors que la sierra ne devrait pas porter le nom de Nevada, mais celui de Lumière, car c’est la plus belle des chaînes de montagnes qu’il m’ait été donné de voir »,

écrira t-il dans son livre « Un été dans la Sierra ».


Pour gagner sa vie il s’embauche d’abord comme berger d’un troupeau de moutons, puis comme mécanicien dans une scierie, où l’on traite uniquement des arbres abattus par les tempêtes. Pas question pour lui d’abattre les précieux arbres du Yosemite. Il  met à profit chacun de ses jours de congé pour escalader les montagnes, suivre le fil des torrents, comme la Merced ou la Tuolumne à partir de leur source, et marcher à la lumière de la lune. Au fil de ses innombrables randonnées, John  va célébrer la magie de la lumière de l’aube sur les montagnes, la majesté des gigantesques séquoias, la profondeur des canyons et la  force des cascades, qui rend humble tout homme. Avec son équipement, le plus léger possible, qui comprend un anéroïde de poche, un chronomètre, un carnet et  un crayon, il passe d’un canyon à l’autre, explore les moraines couvertes de forêts  et étudie minutieusement les éco-systèmes, notamment la répartition de la végétation, les traces laissées par les anciens glaciers sur la roche et la manière dont ils ont modelé les vallées et les lacs.

Le Président Roosevelt et John Muir
au pied d’un Sequoia géant

En 1871, il élabore sa théorie sur l’origine glacière de la Vallée du Yosemite et plusieurs naturalistes célèbres, comme Ralph Emerson et Asa gray, viennent lui rendre visite dans la cabane rustique où il se repose et écrit. De ces rencontres va naître une série d’articles dans le « Century Magazine » qui vont sensibiliser le grand public américain à la nécessité de préserver à jamais les espaces sauvages du Yosemite contre les appétits sans limites des éleveurs, des bûcherons et autres aménageurs dont les dégradations menacent à cours terme cet extraordinaire éco-système.
Les efforts de Muir vont être payants puisqu’en 1890 le congrès américain va promulguer la création du « Parc National du Yosémite ». En 1903, le président Roosevelt en personne fera le voyage, et délaissant le protocole, bivouaquera avec Muir dans les montagnes du Yosemite.

« L’être le plus libre que j’ai jamais rencontré »,

dira de lui Roosevelt après cette escapade.

Libre, mais d’une efficacité redoutable. Sans lui, les sequoias millénaires auraient été abattus par l’industrie forestière ravageuse. John Muir  a prouvé qu’un homme déterminé peut soulever des montagnes…  

Abattage d’un séquoia géant – 1879

En 1876, après une dizaine d’années passées dans le Yosemite, notre homme rejoint une expédition chargée de l’exploration du Grand Bassin et du Plateau situés entre la Sierra Nevada et les Rocheuses. En 1879, il part pour l’Alaska et en canoë, avec des guides indiens, entreprend l’exploration de la région située au nord de Fort Wrangel. C’est là qu’il découvre Glacier Bay. Une découverte d’une importance particulière puisque 46 ans plus tard, Glacier Bay sera  classé Monument National. Il fera trois autres voyages en Alaska, dont un sur le navire à vapeur Corwin à la recherche de la « Jeannette », le navire d’une expédition polaire américaine, disparue dans les glaces au large de Wrangel. S’appuyant sur son carnet de route et ses articles de presse, Muir tirera de cette mémorable expédition de recherche un livre passionnant « La croisière du Corwin ».

Le Corwin.

1880 : John, à qui la solitude commence à peser, épouse Louis Wanda Strentzel, la fille d’un émigrant polonais, propriétaire d’un grand domaine arboricole dans la région de Martinez, en Californie. Durant dix ans il se consacre avec succès à la culture de poires et de pêches sur des terres qu’il loue à son beau-père. Sa maison  et une partie de son ranch sont aujourd’hui classées comme « Site historique National ». Mais sa nouvelle vie ne l’empêche pas de garder le feu sacré et chaque année de juillet à octobre, il retourne avec passion dans le « Wilderness ». En 1888 il réalise notamment « l’ascension du Mont Rainier », dont il fera un livre. 

La famille Muir à Martinez

1892 : John Muir, devient le premier président du « Sierra club », une sorte de Club Alpin californien, créé sur le modèle de l’Appalachian Mountain Club. Très vite, le Sierra Club se lance avec fougue dans la défense de l’environnement. C’est dans ce club que naîtra l’idée de « réserves forestières nationales ».  Les premières actions du Club se dirigent vers la préservation des dernières forêts de séquoias de Californie, la mise sous contrôle fédéral du Parc du Yosemite et la création de nouveaux parcs nationaux, dans la région de Glacier Park et du Mont Rainier. Bientôt un projet de barrage sur la rivière Tuolumne, pour approvisionner en eau la ville de San Francisco, mobilise toute l’énergie de John Muir et du Sierra Club, qui s’opposent à la mise en eau de la vallée d’ Hetch Hetchy, d’une grande beauté et d’une très grande valeur écologique. Pourtant après plusieurs années de combat, le président Wilson, qui a succédé à Roosevelt, autorise en 1913 la construction du barrage. John Muir ne se remet de cette défaite qu’avec beaucoup de difficultés et meurt l’année suivante des suites d’une pneumonie…  

« Aussi longtemps que je vivrai, j’entendrai les chutes d’eau, le chant des oiseaux et du vent, j’apprendrai le langage des roches, le grondement des orages et des avalanches. Je me lierai aux glaciers et aux fleurs sauvages et je resterai aussi près que possible du cœur du monde »

john Muir
John Burroughs et John Muir

Quant à l’héritage écologique de John Muir qui fait l’objet de la dernière partie de ce livre, il me paraît tout aussi important que l’histoire de sa propre vie et je crois que John Muir lui-même n’en disconviendrait pas, tant il s’est interrogé sur la place de l’homme au sein de la nature. Cet héritage, repris par Aldo Leopold, Rachel Carson, Edward Abbey, John Callicott et bien d’autres aujourd’hui, doit nous guider vers une nouvelle éthique de la terre, établissant que l’homme est partie intégrante d’une communauté biotique, incluant les sols, les eaux, les plantes et les animaux, qui doit faire l’objet, en tant que telle, de notre respect et de notre considération morale. 

           Louis-Marie Blanchard

John Muir à son bureau de Martinez

Sommaire du livre
et de la conférence

Souvenirs d’enfance et de jeunesse

  • Une enfance écossaise
  • une jeunesse américaine au Wisconsin
  • Étudiant à l’université de Madisson

En Californie, dans la Sierra Nevada

  • Les Explora
  • Un premier été dans la Sierra
  • La Vallée du Yosemite
  • La protection des séquoias
  • Le John Muir Trail
  • La ferme de Martinez

Voyages à travers l’Amérique

  • Une nuit périlleuse au Mont Shasta
  • L’ascension du Mont Rainier
  • En Utah et au Nevada
  • Au Yellowstone
  • Le Grand Canyon du Colorado

Voyages en Alaska

  • Les Russes en Alaska
  • Puget Sound et l’île de Wrangell
  • Chez les indiens Tlingits
  • La découverte de Glacier Bay
  • Stickeen, un petit chien de rien du tout

Voyages dans l’Arctique

  • La croisière du Corwin
  • L’expédition Harriman

Le combat écologique

  • Le Sierra Club
  • Conservationnistes et préservationnistes
  • Le dernier combat, sauver la vallée de Hetch Hetchy
  • Un rameau de sequoia

L’héritage écologique de John Muir

Les pères spirituels de John Muir

  • Emerson (1803-1882) et le Transcendentalisme
  • Thoreau (1817-1862)
  • George Perkins Marsh
  • Charles Darwin (1809-1882) et la Théorie de l’évolution
  • Alexandre de Humboldt (1769-1859), Explorateur et homme de science, Cosmos
  • Aza Gray (1810- 1888), Botanique et physiologie végétale
  • Louis Agassiz (1807-1873), Géologue
  • Jane Carr (1825-1903), Universitaire, biologiste

Les successeurs

  • Aldo Leopold (1887-1948), Forestier, Almanach d’un comté des sables
  • Frederic Clements (1874-1945), La Grande Prairie américaine
  • John Wesley Powell (1834-1902), Le Colorado et l’Ouest américain
  • Robert Marshall (1901-1939), fondateur de la Wilderness Society
  • Rachel Carson (1907-1964), Biologiste, Printemps silencieux
  • John Baird Callicott, né en 1941, Philosophe, Ethique de la Terre

Les Ecrivains naturalistes militants

  • Edward Abbey (1927 – 1989), Eco-Terrorisme, Désert solitaire, Gang de la clé à molette
  • Doug Peacock, né en 1942, Mes années grizzli
  • Rick Bass, né en 1958, Montana, Winter, Yaak

Les Associations et Mouvements de Défense de la nature

  • Audubon Society, 1886 
  • Sierra Club, 1892
  • Wilderness Society, 1935 
  • Deep Ecology, Arne Naess et George Sessions,1984
  • Sea Shepherd Conservation Society, Paul Watson, 1977
  • Earth First, Dave Foreman, 1980

Une conférence de :

Louis-Marie Blanchard

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